dimanche 29 septembre 2013

Braque qui es tu ?

Souvent, très souvent, quand je vais voir une exposition d'un artiste connu j'ai tendance à préférer les œuvres les moins connues. Dans l'expo Roy Lichtenstein par exemple c'était les sculptures et les peintures les plus classiques plutôt que les comic strip. Probablement parce que ce sont celles dont on nous a pas rebattu les oreilles et desquelles on ne nous a pas dit qu'elles étaient fabuleuses. Parce que quand même, on n'est pas là pour suivre le goût imposé ; on a quand même le droit de ne pas aimer la Joconde, de ne pas être fan de Dali ou de s'ennuyer profondément devant un portrait d'Auguste.

Avec l'expo Braque je ne savais pas bien à quoi m'attendre. Pour moi Braque c'était un Picasso bis qui faisait des trucs comme ça...

Nature morte, 1913,
Paris, Musée National d'Art Moderne
SODA, 1912, NY, MOMA


Violin and Candlestick, 1910
San Francisco Museum of Modern Art
et aussi quelques trucs comme ça :

Les oiseaux, 1953, Paris, musée du Louvre

Donc Braque = cubisme. Emballé c'est pesé. Trop facile !

Mais je découvre dès le début de l'expo que Braque a eu sa période fauve - bon point mon bonhomme vu que c'est quand même mon mouvement de peinture préféré - et qu'il a donc aussi fait des paysages et des personnages éclatant de couleurs, come Dufy, Derain ou Vlaminck.

La calanque, temps gris, 1907, Munich, neue Pinacothek

Et en plus il a été très influencé par Cézanne - mon peintre préféré - au point de produire des œuvres que j'attribuerais volontiers au grand maître de la Sainte-Victoire.


Maisons à l'Estaque, 1908
Berne, Kunstmuseum
Le viaduc à l'Estaque, 1908,
Paris, musée national d'art moderne














Et puis ensuite il a expérimenté des tas de styles assez indescriptibles pour moi :


Studio avec crâne, 1938,
collection privée
La patience, 1942,
collection privée

Conclusion : pour une fois, j'aime le Braque qu'on nous montre dans les livres et les media. So long.

mercredi 25 septembre 2013

Sujet polémique

Dans un établissement où l'on enseigne le persan, l'arabe, le turc et un certain nombre d'autres langues parlées dans des pays à majorité musulmane, il n'est pas très étonnant de trouver un certain nombre d'étudiantes voilées. Mais en même temps je découvre avec étonnement que le port du foulard n'est pas interdit dans les établissements publics français. On avait tellement parlé des questions de port du voile en 2004 que j'étais persuadée qu'il était interdit dans toutes les institutions d'enseignement public. En fait cela ne concerne que les écoles, collèges et lycées. Et je ne comprends pas bien cette différenciation, même si on peut mettre en avant que pour les étudiantes majeures le port du foulard est un choix, mais ce n'est pas la question du choix mais plutôt de la laïcité qui a été mise en avant lors du vote de la loi.

Extrait de la charte des étudiants de l'Inalco :
Article 1er
Le service public de l'enseignement supérieur est laïc et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ; il tend à l'objectivité du savoir et respecte la diversité des opinions... Le principe de laïcité de l’enseignement public est un principe à valeur constitutionnelle.
L'Inalco s'attache, dans l'ensemble de ses activités et en particulier dans son enseignement, à promouvoir les valeurs de l'Université française au premier rang desquelles figurent le respect de la dignité humaine et la volonté de favoriser les progrès de la raison.

Article 2
L’étudiant dispose de la liberté d'expression de ses opinions politiques, philosophiques, syndicales ou religieuses qu'il peut exercer à titre individuel et collectif...
La liberté d'expression s'exprime dans des conditions qui ne portent pas atteinte à l'ordre public et au bon fonctionnement de l'Institut. Cette liberté d'expression et d'opinion, égale pour tous, impose le respect des opinions des autres personnes participant au fonctionnement de l'Institut et ne saurait justifier des actes de prosélytisme, de pression ou de contrainte.
Les atteintes à la dignité de la personne, les discriminations fondées sur l'origine, le sexe, la situation de famille, l'état de santé, les opinions politiques ou syndicales, l'appartenance à une race ou une religion déterminée ne sauraient être tolérées au sein de l'Inalco.
Les tenues et accessoires qui seraient contraires à la dignité de la personne humaine, qui ne permettraient pas de garantir la sécurité de chacun, ou qui constitueraient une forme d'incitation à la haine ou à la discrimination sont interdits sur l'ensemble des sites de l'Institut.

Question : qu'est-ce qu'une "tenue et accessoire qui serait contraire à la dignité de la personne humaine" ? Voilà un bon sujet de réflexion.

mardi 24 septembre 2013

Première rentrée

Jeudi 24 septembre 2013 : rentrée à l'Inalco en licence de persan.

Donc ce matin, arrivée à 10h45 dans un petit amphi avec quelques élèves qui attendent. Puis d'autres arrivent et encore d'autres et encore d'autres. on arrive à 35 alors qu'on m'avait parlé d'une dizaine d'élèves en L1. On a trouvé 35 personnes en France qui veulent faire du persan ? Bizarre.
La prof arrive et attaque direct avec un سلام salâm sonore. Jusque là tout va bien. Puis elle se présente, toujours en persan bien-sûr, et elle fait un tour de l'amphi pour que chacun fasse de même. Petit à petit le cours s'agrémente de questions supplémentaires pour savoir si les étudiants ont déjà fait du persan, où, comment, s'ils sont français ou pas... toujours en persan. Et elle ajoute à tout ça des commentaires en persan qu'une toute petite minorité comprend.
Le cours est censé être un cours d'expression écrite. Au bout de 45 minutes environ on s'attaque à quelques lettres de l'alphabet : la différence entre le ا aléf et le آ aléf bâ kolâh (avec chapeau), le س sin, le ب bé, les lettres courtes, les lettres longues... Tout ça en nous posant des questions en persan, en nous faisant des remarques en persan et en nous demandant si on a compris en persan. Bref, un cours sympa car en immersion totale dans la langue persane pendant 2 heures mais flippant pour tous ceux qui n'ont jamais fait de persan.
Il faut bien remarquer cependant que le profil des élèves est TRES varié. Il y a les complètement débutants, les débutants qui ont fait de l'arabe donc qui maîtrisent à peu près l'alphabet, les presque débutants qui ont fait un peu de persan avec un prof ou avec la méthode Assimil (dont je fais partie), les faux-débutants qui visiblement ont déjà fait au moins 1 voire 2 ans de persan (qu'est-ce qu'il font là ?), les débutants qui parlent couramment car papa ou maman ou les deux sont iraniens mais qui ne savent pas écrire. Bref ca ne va pas être simple pour la prof de gérer des niveaux si disparates, pour les élèves qui savent parler de ne pas s'ennuyer et pour ceux qui débutent vraiment de ne pas se sentir submergés.

Ce premier cours passé nous devions nous reposer l'oreille et le cerveau avec un cours de Géographie de l'Asie. Visiblement la prof nous a oubliés. Et comme le secrétariat du Département Eurasie "n'a pas le numéro de la prof pour la joindre" (on croit rêver !)...

Puis nous devions parcourir l'Histoire de l'Iran pendant 3 heures. Et là, l'Inalco a décidé ce week-end de changer le jour et l'horaire du cours sans prévenir personne. Et encore une fois la secrétaire du Département Eurasie a eu cette merveilleuse réponse "je ne sais pas ; je n'ai pas les horaires des cours." Donc le cours sera maintenant... tatam... le vendredi de 18 h à 21 h !!!

Bilan comptable rapide : 7 h de cours prévus, 2h effectives.

A part ça l'Inalco c'est toujours autant la tour de Babel (j'adore). On en reparlera une autre fois.
بزودی

lundi 16 septembre 2013

Petit manuel de survie à l'usage des post-vingtenaires

J'ai plusieurs fois parlé dans cette tribune du vocabulaire nouveau et savant que j'apprenais dans les cours et dans les livres. Je ne pouvais pas ne pas parler du vocabulaire que j'apprends dans les allées de l'école, à la cafet, sur Facebook en parlant avec des gens qui ont quelques années de moins que moi.

Le verlan pour commencer : ça n'est même plus du verlan, c'est devenu du vocabulaire courant. Parce que le verlan ça date quand même des années 80 (voire de beaucoup plus loin dans le temps si l'on en croit la fiche Wikipédia sur le sujet), avant que tout ce petit monde ne naisse. Au départ, il semble que c'était fait pour que les parents, voire d'autres groupes de la population ne comprennent pas le langage  de leurs enfants ou d'une communauté, mais maintenant pour le coup, je ne vois pas bien l'intérêt : tout le monde sait ce que ça veut dire avec des mots comme "cimer", "zarb" "meuf" ou "teubê". Là où ça devient plus intéressant c'est quand on mêle le verlan et le détournement de signification d'un mot comme avec "chanmé" : dire "génial" à partir du mot "méchant", ben voilà, ça c'est de la création sémantique intéressante.

Celui qui passe partout : "stylé"
"C'est trop stylé !" A utiliser pour des fringues, du maquillage, mais aussi une attitude, un comportement ou n'importe quoi en gros. Tout est stylé, de 12 à 25 ans.

Celui qui va bientôt passer de mode : "swag", qui veut aussi dire stylé, cool ! Mais qui fait plus cool parce qu'il sonne anglophone.

Celui que je déteste : "trop pas"
L'alliance des deux mots est totalement incohérente et en plus oralement c'est moche. Le mieux c'est que je croise plein d'utilisateurs de cette expression qui sont persuadés que c'est du français correct.

Et qu'est-ce que c'est que manière de s'interpeller par "gros", "grosse" ?

Voilà pour cette première petite série de mots dont nous, quarantenaires, sommes immunisés, mais je dois quand même préciser que de temps en temps j'arrive aussi à les surprendre avec des mots tout simples dont ils n'ont jamais entendu parler, même s'ils sont dans le dictionnaire...

mardi 10 septembre 2013

S'y remettre

Normalement, si tout va bien - on croise les doigts, on prie tous les saints de la terre et même des cieux, on sort l'encens... - cette rentrée devrait être ma dernière rentrée de 1er cycle à l'EDL.
Alors comme chaque année on a droit au discours de rentrée du Directeur de l'école, de la Directrice des Etudes et de la Chef de la scolarité qui nous disent, en vrac :
- qu'on a été très bons aux exams en mai : + 15 % de réussite par rapport à l'année d'avant :-)
- que c'est aussi parce qu'il y avait beaucoup de redoublants qui n'avaient qu'un bloc d'épreuves à repasser :-(
- que les épreuves d'histoire des collections et de techniques de création sont importantes et qu'il faut vraiment les bosser. Oui, ça fait 3 ans que tu nous dis la même chose chef et ça fait 3 ans qu'on s'en fout !
- qu'il faut commencer à penser au 2e cycle et à un avenir professionnel.
- qu'il faut faire des stages.
- qu'il est bon de s'engager dans la vie associative.
- qu'il est utile de suivre l'actualité des arts et de la culture.
- ...
Bref, rien de nouveau sous le soleil.
Ca c'était de 14h45 à 16h00.

Et on enchaîne ensuite sur le cours d'art du XVIIe. Et là on a l'impression de replonger dans la piscine en plein soleil sans s'être mouillé la nuque. Douche froide avec un prof qui attaque direct sur une œuvre de Caravage sans aucun préambule. Ca fait tout drôle.

Petit Bacchus malade - Caravage - Rome, galerie Borghese

Et le pire c'est de rester assis et concentré pendant 3 h : j'ai mal aux fesses !!!

jeudi 5 septembre 2013

L'herbe est toujours plus verte chez le voisin.

Dans la grande valse des inscriptions, je n'avais pas encore testé l'inscription en structure universitaire. Habituée à l'inscription relativement aisée de l'EDL, réalisée en moins de 30 mn, je m'attendais à quelque chose de similaire dans la mesure où mon dossier était complet, avec toutes les pièces justificatives qui vont bien.
Et d'abord je découvre qu'à l'Inalco il faut prévoir une inscription administrative - s'inscrire à l'Inalco - et une inscription pédagogique - s'inscrire dans la filière qui m'intéresse, en l'occurrence licence de persan -. Bon OK, une fois ces faits posés, je me dis, audacieuse que je suis, que je vais faire les deux dans la foulée. Grave erreur ! Il semblerait que vouloir optimiser les choses en ne faisant qu'un seul déplacement le même jour, auprès d'une seule personne, ne soit pas dans la logique universitaire. J'ai donc réussi à me rendre 2 fois à l'Inalco et à passer à travers le filtre de 12 personnes pour être inscrite.

1re étape : est-il raisonnable de poster à la saisie des dossiers d'inscription des étudiants qui n'ont pas été formés et avec qui s'engage un dialogue étrange du genre :
- "Je suis désolée mais je commence ; vous êtes seulement ma 2e saisie." "C'est pas grave ; j'ai tout mon temps ; je vais m'assoir à côté de vous hein."
- "Mais vous êtes née à l'étranger ; je n'ai pas le code dans mes départements français." "Ben non puisque c'est l'étranger !"
- "Profession des parents ?" : "Euh vous avez vu mon âge ? La profession de mes parents est-elle vraiment indispensable ?"
- "Régime d'assurance maladie : Ah ben vous n'êtes pas au régime étudiant." "Ben non, c'est limité à 28 ans !"

2e étape : trouver le bureau de la Trésorerie pour pouvoir payer ses frais d'inscription.

3e étape : faire en sorte que la 3e personne rencontrée ait bien noté le montant des frais d'inscription sur le dossier qu'elle a oublié de me donner et que je dois apporter à la 7e et la 8e personne de la série.

4e étape : se faire gentiment engueuler par la 11e personne parce que le papier qu'on doit lui remettre et qu'on a imprimé sur le site de l'Inalco et qu'on a consciencieusement rempli et amendé du justificatif demandé n'est pas le bon mais une vieille version qui traine sur le site et à laquelle il manque 2 lignes. Ben pourquoi tu me dis ça à moi ? Ne serait-ce pas plus utile de le dire à ton webmaster ?

5e étape : se retenir de ne pas exploser quand la 12e personne vous explique que vous ne pouvez pas obtenir une équivalence pour l'anglais, la méthodologie et l'informatique parce que votre relevé de notes de l'EDL ne mentionne pas ces matières, alors que sa collègue, la 9e personne, sa voisine de bureau, vous a dit exactement le contraire 2 jours auparavant.

Et tout ça pour obtenir ça, bizarrement assez vite :


Et après ça on dit quoi ? EDL, je t'aime pour ton organisation presque sans faille.