dimanche 30 décembre 2012

Zone militaire

Je ne le crois pas !
Il y a quelques jours je visite sagement l'église Santa Maria Novella de Florence en commençant par les cloîtres. Premier cloître, jolies peintures au plafond ; deuxième cloître, merveilleuses fresques de la chapelle des Espagnols ; et j'arrive au troisième cloître et je me fais arrêter par une charmante demoiselle. S'en suit le dialogue suivant : 
"Pour entrer ici il faut laisser votre sac à main au vestiaire."
- Pardon ? Mais j'ai mes papiers, mon appareil photo... tout dans mon sac !
- Oui, mais là vous entrez dans une zone militaire.
- ... ???"
Et là je lève la tête et je vois devant moi un charmant garçon en tenue militaire qui m'explique qu'effectivement cette partie du cloître est une zone militaire.
- ... !!!

Après avoir accusé le coup et jeté un oeil dans mon guide, il s'avère en effet que l'un des cloîtres de cet ensemble est une école de formation de je ne sais quel corps militaire italien, exceptionnellement ouvert à l'occasion de mon passage (pas que du mien...).

Donc, de deux choses l'une :
- soit l'Eglise italienne a vraiment besoin de sous au point de louer ses locaux à n'importe qui,
- soit la séparation de l'Eglise et de l'Etat n'a pas encore eu lieu chez nos voisins transalpins.

mardi 25 décembre 2012

Le syndrome de Stendhal

Je connaissais le syndrome de Stockholm mais je n'avais jusqu'ici jamais entendu parler du syndrome de Stendhal.

Extrait du guide vert Florence et la Toscane :

« Phénomène moins connu que le soleil caniculaire d’été et les pluies parfois torrentielles du printemps et de l’automne dont on sait plus ou moins se protéger, la beauté des œuvres d’art peut constituer également un risque qu’il est bon de connaître avant de partir en Toscane.
Les psychiatres de l’hôpital de Florence reconnaissent en effet l’existence d’un malaise profond ressenti par certains visiteurs face à la concentration d’œuvres d’art et à la densité historique que dégagent les lieux (107 cas d’hospitalisation de 1976 à 1987). Identifié sous le nom de syndrome de Stendhal, ce malaise se manifeste en général chez des personnes fragiles âgées de 20 à 40 ans par des troubles allant de la crise de panique ou de vertige à la sensation de dépersonnalisation. Les médecins ont fait le rapprochement entre ces phénomènes et un passage du Journal de Stendhal dans lequel l’écrivain raconte qu’en découvrant dans l’église Santa Croce le nombre de monuments funéraires à la gloire des grands noms de la culture italienne, il dut sortir sur la place pour calmer l’émotion trop intense qu’il ressentait… »
 
Santa Croce, église franciscaine, Florence
J’ai visité hier soir Santa Croce et je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle peut provoquer à elle-seule ce trop-plein artistique ; en revanche, la Galerie des Offices recèle à elle-seule tellement de chefs d’œuvre sur chacun desquels on pourrait s’arrêter 10 mn que je comprends très bien ce sentiment. Et c’est pareil au Bargello, à la Galleria dell’Accademia, au Palazzo Pitti, dans la chapelle Brancacci, au couvent San Marco, à Santa Maria Novella…
 
Souffrir au nom de l'art...

dimanche 23 décembre 2012

David


David, Michel-Ange, copie presqu'originale, 1501-1504
Florence, piazza della Signoria

David, presque Michel-Ange, 2012
Florence, galleria dell'Accademia
Les conservateurs de musée ne sont pas fermés puisque cette magnifique réinterprétation contemporaine du David, le seul et presque unique, se trouve dans une courette de la Galleria dell'Accademia, là où se trouve l'original.
Pourtant pour moi, y'a pas photo ! C'est fou comme en 500 ans on ne fait pas que des progrès... Bon allez, c'est marrant, c'est parodique, ça plait aux enfants, et ça rappelle qu'au Moyen-Âge, un certain nombre de statues de nos églises devaient avoir l'air aussi kitsch. Mais bon...

vendredi 21 décembre 2012

Florence

2 heures après mon arrivée en ville : première vision de bonheur, de nuit.

Le campanile coincé entre le Duomo et le baptistère.
La Renaissance italienne incarnée à Florence.

dimanche 16 décembre 2012

Doctorant : un univers impitoyable

J'ai dû croiser dans mon parcours 2 doctorants seulement : une en chimie, l'autre en médecine. Autant dire que je n'ai pas franchement pu échanger avec elles sur le contenu de leurs recherches et le parcours d'un doctorant.

Mais en 6 semaines de stage à l'EPHE, qui accueille des doctorants en histoire de l'art et histoire des religions, entre autres, j'ai découvert un univers imitoyable.
Personnellement je pensais que lorsque l'on avait terminé un M2 on pouvait se lancer dans une thèse sur un sujet de notre choix, dans la fac de notre choix, et qu'au bout de trois ans on soutenait sa thèse avec brio. Grave erreur, petit scarabée, tu n'y es pas du tout !

D'abord, ne fais pas une thèse qui veut et quand il veut. Si tu n'as pas fait au moins un M2, voire passé une agrégation, voire déjà enseigné et si tu as moins de 30 ans, tu es déjà mal barré. Il semblerait que faire une thèse à 25 ans est considéré comme une tocade de jeunesse.
Ensuite, il faut trouver l'université qui veut de toi, c'est à dire le prof qui voudra bien te suivre, c'est à dire le prof qui est spécialiste de ton domaine de recherche et qui a une HDR (Habilitation à Diriger des Recherches) et qui n'a pas déjà 15 étudiants à suivre et qui estime que tu vaux la peine et de préférence quelqu'un qui a pignon sur rue, le "mandarin" de la spécialité. En gros tu en as 2 ou 3 seulement par spécialité en France.
Si tu as trouvé ce fameux sésame, tu dois présenter et faire valider ton sujet de thèse. Moi qui croyais que tu te lançais la tête la première dans les recherches... Que nenni ! Tu fais une magnifique présentation devant un jury d'une vingtaine de personnes où tu expliques ton parcours, ce que tu veux étudier, pourquoi, comment, pendant combien de temps...
Sur le temps nécessaire, 3 ans c'est le minimum du minimum. Mais faire une thèse en 3 ans, semble au mieux, très présomptueux, au pire, totalement irréaliste. Les doctorants rencontrés ces dernières semaines estiment que 5 ans c'est le minimum, mais que le plus réaliste c'est plutôt 7 à 9 ans.
Bon imaginons : tu as un sujet béton que tu aimes, le prof reconnu de toute la communauté scientifique, la validation du jury et tu y vas pour 5 ans, parce que tu es super motivé et d'une intelligence démesurée. Il faut maintenant penser financement. Parce que c'est bien beau de faire avancer la recherche pendant des années, mais pendant ce temps, qui met les pâtes dans la casserole et paie le beurre et le râpé ?

Voilà le parcours du combattant du doctorant.

Alors à côté de ça j'ai rencontré des doctorants super sympa, l'une étudiant un manuscrit illustré du livre de Job, une jeune religieuse qui travaille sur saint-Augustin tout en enseignant le latin patristique, une chercheuse sur le programme hagiographique de Saint-Marc de Venise. Mais c'est vrai que c'est un milieu très particulier, très fermé au sens où dans un domaine de recherche spécifique, tout le monde se connaît, tout le monde situe les recherches des autres (rappelez-vous Agnès Jaoui et "les chevaliers paysans de l'an mil au lac de Paladru") alors que pour vous c'est du chinois.

Je n'avais pas spécialement envie de faire de la recherche avant ; je n'ai pas plus envie maintenant. Bon vent à tous, amis doctorants !

vendredi 14 décembre 2012

Bilan de stage

Premier stage terminé !
Il était court (un jour par semaine pendant 6 semaines), pas passionant du point de vue du contenu du stage lui-même (inventaire et enregistrement de plaques photographiques) mais très instructif pour ce qui est du fonctionnement d'une institution publique, qui accueille des Masters et des doctorants, et du monde merveilleux des chercheurs dont je parlerai dans un prochain message.

Côté organisation, j'ai découvert un univers... comment dire ça en restant polie... administratif. Je crois que le mot "administratif" prend tout son sens dans une structure où rien n'est cadré, rien n'est planifié, rien n'est organisé et où on sent qu'on est à des années-lumière du monde du privé où le rendement, les résultats, la production sont les maîtres-étalons. J'ai découvert un domaine où on arrive le matin sans avoir vraiment réfléchi à ce qu'on va faire ou à ce qu'on va faire faire à son stagiaire, un domaine où on ne planifie absolument pas les ressources nécessaires pour réaliser un inventaire global (combien de personnes, combien de temps, combien de budget) mais où on fait les choses les unes à la suite des autres sans se soucier si ça va prendre 3 mois, 3 ans ou 10 ans. C'est à la fois très reposant et extrêment stressant pour moi qui ai été habituée à anticiper, planifier, budgéter... Ce n'est pas forcément représentatif de tous les établissements de la fonction publique, mais vu de l'extérieur c'est assez inquiétant sur l'avenir de notre fonction publique.

J'ai beaucoup ouvert mes oreilles pendant ce stage et j'ai aussi pu m'apercevoir que comme dans n'importe quelle entreprise, les ragots, les réputations, les médisances vont bon train, que plus que dans n'importe quelle entreprise, certains postes sont réservés à des mandarins qui ont fait le parcours idéal et ont l'âge minimum requis pour "faire sérieux dans le poste". C'était déprimant dans le privé ; c'est tout aussi déprimant dans le public.

Gros point positif pour finir : à la cantine du bâtiment, commune à plusieurs structures de la fonction publique, les moins payés payent moins cher que les mieux payés pour le même plat. Les plats, les entrées, les desserts valent un certain nombre de "points", le point n'ayant pas le même coût en fonction d'où on se trouve dans le barème de rémunération. J'ai trouvé l'idée finalement assez logique et évidente. Autant vous dire qu'en tant que stagiaire "bénévole", mes repas ne m'ont pas coûté cher !

Rendez-vous pour le prochain stage qui aura lieu de février à juillet.